Connaissez-vous la grenouille rieuse, ce petit amphibien proche de la grenouille verte ? Savez-vous pourquoi on qualifie le batracien de « rieur » ? Soyez incollable sur le petit animal aquatique !
La grenouille rieuse, ou pelophylax ridibundus pour les intimes, est une espèce de grenouille appartenant à la grande famille des ranidae. Si l’amphibien ressemble beaucoup à la grenouille verte, celle-ci a en revanche l’avantage de la taille (et du chant). Il s’agirait en effet de la plus grosse grenouille d’Europe. Mais pourquoi diable l’appeler rieuse ? Découvrez tout sur le petit amphibien amateur de plongeons profonds.
La grenouille rieuse, un amphibien sociable au chant puissant
Largement répandue à travers le monde, la grenouille rieuse s’est d’abord cantonnée au nord de l’Europe. Ce n’est que dans les années 70 qu’on a pu observer l’amphibien en France, notamment dans l’est du pays.
L’espèce de grenouille s’épanouit généralement en basse et moyenne montagne ainsi qu’en plaine, et apprécie particulièrement étendre son domaine ! Certains la qualifient même d’espèce invasive. C’est dire…
L’habitat de la grenouille rieuse consiste en de grandes rives et rivières baignées de soleil, ainsi que des tourbières, étangs et marais exposés. Contrairement à d’autres espèces de grenouilles, la grenouille rieuse apprécie particulièrement l’eau et justifie d’un mode de vie majoritairement aquatique.
Et pour cause : l’animal s’épanouit pleinement dans les plans d’eau d’au moins cinquante centimètres de profondeur. C’est d’ailleurs le seul amphibien qui s’entend aussi bien avec les autres animaux aquatiques, la plupart des espèces de grenouilles n’appréciant que peu les plans d’eau riches en poissons.
Morphologie
Sans toutefois arriver à la cheville du crapaud, la grenouille rieuse fait partie des grenouilles les plus grandes, sa taille pouvant excéder les 13 centimètres (principalement les femelles*). Contrairement à la grenouille brune, la grenouille rieuse ne possède pas de tache noire à l’arrière de ses yeux.
Ses membres athlétiques sont longs et fins, surtout ses pattes arrières, avec une palmure conséquente. Le dos de la grenouille rieuse est lisse, de couleur vert olive, brun ou parfois jaune sombre, présentant, selon les spécimens, une ligne dorsale plus claire et des taches vertes ou brunes.
*Les grenouilles rieuses mâles sont en en effet généralement plus petits que les femelles.
Les différentes espèces de grenouilles rieuses
Il existe plusieurs espèces de grenouilles rieuses à travers l’Europe ; parmi elles :
- Pelophylax ridibundus ridibundus : sous-espèce nominale largement répandue en Europe, de l’Espagne à la Russie.
- Pelophylax ridibundus perezi : sous-espèce se trouvant principalement dans la péninsule ibérique, y compris l’Espagne et le Portugal.
- Pelophylax ridibundus kurtmuelleri : présente en Sicile, principalement, et sur une île italienne en Méditerranée.
- Pelophylax ridibundus epeiroticus : sous-espèce présente dans certaines régions de Grèce.
- Pelophylax ridibundus caralitanus : Sardaigne, îles italiennes de Méditerranée.
Notons que la taxonomie des grenouilles rieuses est révisée régulièrement, et que des changements dans leur classification peuvent survenir à tout moment au fur et à mesure des recherches scientifiques.
Que mange la grenouille rieuse ?
Le têtard rieur est principalement herbivore. À moins qu’il déniche quelques bactéries et autres débris organiques. À l’âge adulte, la grenouille rieuse devient omnivore, à tendance insectivore. Cela dit, l’amphibien peut aussi avaler quelques petits poissons et tritons. Scoop : la grenouille rieuse peut même manger des lézards et de pauvres petits oisillons !
Pourquoi qualifie-t-on cette grenouille de « rieuse » ?
Ne cherchez pas à voir l’amphibien sourire, le pelophylax ridibundus est qualifié de rieur non pas du fait d’une particularité physique mais bien en raison de son chant aux notes très fortes, relativement bruyantes et s’apparentant à un rire aigu.
Le cri puissant du batracien mâle en période de reproduction s’entend dès le début du printemps et jusqu’à l’automne, avec parfois une trêve au mois d’août. Découvrez le coassement de la grenouille rieuse ici.
Qui est le prédateur de la grenouille rieuse ?
Dans la nature, la grenouille rieuse, comme les autres variétés de grenouilles, ont de nombreux prédateurs. Le batracien se fait notamment chasser par les couleuvres d’eau, les hérons, cigognes, taupes, loutres ou belettes. Lorsque le renard a une faim de loup, l’animal peut aussi s’attaquer aux grenouilles rieuses…
Statut actuel de l’espèce
On a longtemps considéré la grenouille rieuse comme un amphibien très résistant, voire parfois nuisible. Pourtant, son habitat naturel et ses zones de reproduction ne cessent d’être détruits et pollués par les activités humaines, conduisant à un fort déclin de l’espèce, voire même à quelques extinctions à échelle locale. La consommation de ses cuisses dans certains restaurants français et internationaux n’arrangent rien à son état…
En Belgique, le batracien bénéficie d’une protection nationale, le pays interdisant de chasser, tuer, capturer ou détenir la grenouille, mais aussi tout type d’amphibien et de reptile. En France, c’est une autre histoire, les cuisses de grenouilles étant souvent issue de cette espèce particulière…
Les cuisses de grenouilles rieuses, un mets tristement apprécié
Dans certaines régions françaises, il est courant de consommer des cuisses de grenouilles agrémentées de persillade. En fonction de la tradition et de la localisation, il est d’usage de tuer des grenouilles vertes, rousses et rieuses pour leur (maigre) chair.
Mais la France n’est pas la seule à se délecter des cuisses athlétiques du pauvre amphibien : la Chine et la Malaisie notamment, sont particulièrement friandes de cette spécialité culinaire peu éthique.
La France reste toutefois le principal importateur de cuisses de grenouilles (environ 3000 à 4000 tonnes de cuisses surgelées par an), notamment en provenance des pays d’Extrême-Orient.
MARCHESI, Paul, FOURNIER, Jérôme, et REY, Alain. Etat des populations de » grenouilles vertes » Rana Iessonae, Rana kl. esculenta du Bois de Finges (Salquenen, VS). Bulletin de la Murithienne, 1999, no 117, p. 13-22. [/expand]