Lisa D, journaliste actus animalières
Dans le parc naturel de Kaziranga, les gardiens sont autorisés à tuer les braconniers qui tenteraient de chasser les rhinocéros, ces animaux protégés. Un droit de vie et de mort sujet au débat, qui a néanmoins le pouvoir de dissuader la pratique du braconnage.
Pour protéger les rhinocéros, les gardiens du parc de Kaziranga, en Inde, ont le droit de tirer sur les braconniers et de les tuer. Au moins 50 personnes ont ainsi trouvé la mort ces trois dernières années. Même si le parc est une réussite en matière de conservation, la politique radicale suscite la controverse.
Un droit de tuer les braconniers, une politique unique au monde
Au Parc National de Kaziranga, les rhinos sont en sécurité. Mais à quel prix ? Il y un siècle, l’Inde ne comptait qu’une poignée de rhinocéros unicornes. Le site, aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, abrite plus de 2 400 individus. Soit plus des deux tiers de la population mondiale. Pour en arriver à de tels effectifs, le parc animalier a récemment mis en place une politique unique au monde. Le droit aux gardiens de tirer sur les braconniers potentiels et, bien sûr, de s’en sortir en toute impunité. Un juste retour des choses ?
La réserve reste, malgré les textes qui l’interdisent, un terrain de chasse privilégié pour les chasseurs. En effet, la corne de rhinocéros se vend à prix d’or sur le marché asiatique, pouvant atteindre 6000 dollars (soit plus de 5600 euros) les 100 grammes. Pour pallier au problème, les gardes forestiers ont été armés, avec l’autorisation de tirer à vue sur les braconniers susceptibles de menacer l’intégrité physique des animaux.
50 braconniers et villageois déjà tués
La politique, que certains jugeront extrême quand d’autres la jugeront logique, suscite néanmoins la controverse. Les braconniers ont en effet trouvé la parade, et utilisent des villageois innocents afin de minimiser leurs risques.
Sur les 3 dernières années, 50 personnes ont été tuées, et plusieurs d’entre elles blessées. C’est le cas de cet enfant de 7 ans qui a reçu une balle dans la jambe droite, lui laissant des séquelles irréversibles. Le parc avait alors reconnu son erreur et indemnisé la famille à hauteur de 3000 dollars.
Survival International, une ONG anglaise, affirme qu’on sacrifie les droits des tribus alentours au nom de la protection de la nature. « Ce parc est géré avec la plus grande brutalité, explique Sophie Grig, pas de jury, pas de juge, pas de question ». En attendant, les rhinocéros peuvent dormir sur leurs deux cornes, ou presque…
[expand title= »Références »]
VINCENT, Clémence, et al. Etat des lieux de la stratégie de lutte contre le braconnage des rhinocéros en Afrique du sud. 2020.
TALUKDAR, Bibhab Kumar. The current state of rhino in Assam and threats in the 21st century. Pachyderm, 2000, vol. 29, p. 39-47. [/expand]