Serpent de plus de 26 mètres, mangeur d’Homme ou dangereux, l’anaconda pâtit d’une dure réputation… Soyez incollable sur ce serpent (non-venimeux) fascinant !
Avec d’autres comparses rampants, l’anaconda est un serpent qui agite des peurs enfouies en nous. Mais ne sont-elles pas amplifiées par les films et certains récits horrifiques se passant dans la jungle amazonienne ? Les images impressionnantes d’anacondas, montrés comme de terribles mangeurs d’hommes à la taille titanesque, lui collent à la peau bien plus que sa mue. Mais qu’en est-il vraiment dans la nature ? Réponses dans cet article qui risque bien de bousculer quelques mythes tenaces.
L’anaconda est le nom d’usage du genre eunectes appartenant à la famille bien connue des boas. Il fait donc partie des serpents constricteurs qui tuent leurs proies en s’enroulant autour d’eux afin de les étouffer. On dénombre quatre espèces d’anacondas différentes, dont la plus célèbre est l’anaconda vert.
L’anaconda, un géant amazonien cible de toutes les rumeurs
On trouve l’anaconda uniquement en Amérique du Sud. Il vit autant sur terre que dans l’eau. Dans les marécages ou au fond des lacs, ce reptile excelle avec une vitesse de nage pouvant atteindre les 10 km/h ! L’anaconda est moins commode que son cousin le boa, ce qui lui assure d’échapper plus facilement à la captivité. Il faut en effet pouvoir s’en occuper longtemps, car le serpent géant peut atteindre un âge vénérable. L’anaconda a en effet une durée de vie allant de 50 à 80 ans.
Un mangeur d’hommes ou un chasseur amphibien hors pair ?
L’être humain ne fait pas partie de la chaîne alimentaire de l’anaconda. Même les plus grands représentants de l’espèce auront effectivement du mal à avaler un adulte. Généralement, il cherchera à fuir les Hommes. Comme les autres serpents, il ne mâche pas ses proies, mais les « gobe ». Le nom de son genre, les « eunectes », veut dire en grec « bon nageur ». L’anaconda porte à merveille cette appellation. Il chasse sous l’eau pour se nourrir de jeunes caïmans, de gros rongeurs, de chiens, de chèvres, voire d’autres reptiles, dont ses propres congénères.
L’anaconda n’est pas venimeux. Ce reptile est constricteur, c’est-à-dire qu’il tue en étouffant ou en broyant ses victimes, profitant de sa grande taille pour s’enrouler autour d’eux. Jeune, l’anaconda se laisse tomber sur sa proie depuis un arbre. Plus vieux, il laisse dépasser de l’eau ses yeux et ses narines, situés idéalement au sommet de sa tête, pour l’attraper puis de la noyer. Il chasse la nuit le plus souvent.
L’anaconda est-il le plus grand serpent du monde ?
Non, ce titre ne revient pas à l’anaconda, mais au python réticulé qui peut mesurer dans les 10 mètres ! Néanmoins, les différentes espèces d’anacondas font partie des géants parmi les reptiles. L’anaconda vert (Eunectes murinus) est même le plus gros serpent de la planète avec sa taille de près de 9 mètres et ses 200 kilogrammes !
Plusieurs témoignages, pour la plupart datant d’une centaine d’années, attestent de la présence d’anacondas si énormes qu’ils défient les lois de la biologie. Cependant, aucun n’a été confirmé par la suite. Nous avons sans doute affaire à des rumeurs… ou à des spéculations ! Quand un anaconda mue, il laisse en effet derrière lui une peau bien plus grande que sa taille originale. Les témoins peu au courant de ce fait peuvent se faire avoir et prêter au serpent une longueur exagérée.
Un chasseur d’exception qui a peu de prédateurs
Les serpents sont des prédateurs au sommet de leur évolution. L’anaconda ne fait pas exception à cette affirmation à peine exagérée. Si l’anaconda possède un ennemi juré, c’est bien l’anaconda. Le reptile pratique effectivement le cannibalisme, notamment pendant la reproduction. Néanmoins, un banc de piranhas peut avoir raison d’un anaconda blessé. Peux eux, le plus grand risque se situe à la naissance où de nombreux animaux se jettent sur les portées. L’être humain est un autre danger mortel, autant à cause des dommages causés à son habitat naturel, que par sa mauvaise réputation de mangeur d’Hommes.
Peut-on avoir un anaconda comme animal de compagnie ?
Les boas sont bien plus populaires parmi les herpétologistes (les passionnés de serpents). La taille des anacondas, bien plus grande, rend leur élevage compliqué. De plus, ils sont connus pour avoir un bien mauvais caractère. Il faut aussi être prêt. e à s’en occuper pendant longtemps, car un anaconda peut vivre jusqu’à 80 ans.
D’autres reptiles rampants se laissent bien mieux amadouer en effet. Cependant, comme beaucoup d’animaux sauvages, les serpents ne sont pas domestiqués par l’être humain et s’épanouiront dans la nature. L’anaconda n’est donc pas un animal de compagnie.
La reproduction de ces serpents géants
La nature est cruelle. La reproduction des anacondas ne déroge pas à la règle. Notons que les espèces présentent un grand dimorphisme sexuel. Les femelles sont en effet bien plus grandes et lourdes que les mâles. Cette caractéristique apporte plusieurs avantages. Un des plus curieux est sans doute que les mâles ne peuvent pas se tromper de partenaire à cause de la carrure des femelles. De par leur grandeur, ces dernières sont bien plus fécondes et mettent au monde davantage de petits.
La dure vie des bébés et papas anacondas
Il ne fait pas bon d’être un nouveau-né anaconda. Dès la naissance, ils sont livrés à eux-mêmes, beaucoup finissant alors leur brève existence dans le ventre d’un prédateur. Quant à leurs pères, il leur sera difficile de savoir exactement qui est leur géniteur. Plusieurs mâles luttent pour l’accès à la femelle pendant la parade nuptiale formant une sorte de « boule de reproduction ». Plus d’une dizaine de participants pour l’anaconda vert par exemple ! C’est un jeu d’endurance qui s’engage, car une femelle peut attendre plusieurs semaines avant qu’un mâle parvienne à la féconder.
Dans cette espèce par ailleurs, l’heureux élu aura tout intérêt à fuir une fois son affaire accomplie. L’anaconda vert s’adonne en effet au cannibalisme après la reproduction : la femelle mange le mâle à la suite de la fécondation. Cette dernière gagne ainsi de précieuses ressources en protéines pour la gestation qui va durer plus de six mois. Ne pensez pas que les autres espèces d’anacondas sont moins cruelles. Toutes pratiquent le cannibalisme hors de la saison de reproduction à des degrés divers.
Des femelles ovovivipares qui pondent des œufs en elles
Contrairement à d’autres serpents, l’anaconda ne pond pas directement ses œufs sur le sol, mais à l’intérieur de l’organisme. Une fois ceux-ci éclos, la femelle rejette une portée comprenant entre 20 à 40 petits. Mais certaines peuvent atteindre les 100 individus !
Les différentes espèces d’anacondas
Comparé à d’autres animaux, le nombre d’espèces dans le genre des anacondas est peu élevé. On en trouve quatre, mais nul doute que la nature nous réserve des surprises. Des représentants encore inconnus chassent tranquillement en Amazonie sans se soucier de leur découverte.
- L’anaconda vert ou le grand anaconda (Eunectes murinus)
- L’anaconda bolivien (Eunectes beniensis)
- L’anaconda jaune (Eunectes notaeus)
- L’anaconda à taches sombres (Eunectes deschauenseei)
À noter qu’une espèce d’anaconda serait disparue, l’Eunecte stirtoni, dont l’existence demeure néanmoins discutée par les spécialistes.
Statut de conservation de l’UICN
Bonne nouvelle pour l’anaconda : aucune des espèces ne semble être menacée à l’heure actuelle. Toutes font en effet partie de la catégorie « Préoccupation mineure » de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN). Le risque de disparition de l’anaconda est donc jugé faible par les spécialistes de l’organisation, dans un avenir proche, du moins.
Menaces pesant sur l’espèce
L’anaconda fait face à plusieurs menaces qui mettent en péril sa survie et son habitat. Parmi elles :
- Perte d’habitat : la déforestation et la conversion des terres pour l’agriculture, l’urbanisation et autres activités humaines entraînent une perte significative de l’habitat naturel de l’anaconda, pouvant affecter la disponibilité des zones aquatiques nécessaires à sa survie.
- Braconnage : dans certaines régions, les anacondas sont chassés pour leur peau, leur viande ou par simple peur de leur taille imposante.
- Pollution de l’eau : la pollution des cours d’eau et des zones humides peut avoir des effets néfastes sur les populations d’anacondas en altérant la qualité de leur habitat et la disponibilité de leurs proies.
- Conflits avec les activités humaines : les anacondas peuvent se faire abattre par des populations locales par crainte ou en réaction à des attaques sur le bétail.
- Trafic illégal : capture et vente sur le marché des animaux de compagnie exotiques.
- Changements climatiques influençant les conditions météorologiques et environnementales et affectant la distribution et le comportement des anacondas.
En conclusion, l’anaconda, bien que souvent redouté et mal compris, est un serpent fascinant qui mérite notre admiration plutôt que notre crainte. Avec ses quatre espèces principales, dont le célèbre anaconda vert, ce géant de la jungle amazonienne joue un rôle crucial dans son écosystème. Loin d’être un mangeur d’hommes, l’anaconda est un prédateur efficace, se nourrissant principalement de caïmans, rongeurs et autres reptiles.
Les mythes autour de sa taille titanesque et de sa dangerosité sont souvent amplifiés par des récits sensationnalistes et des films. En réalité, l’anaconda préfère fuir les humains et ne les considère pas comme des proies. Ce serpent non-venimeux utilise la constriction pour capturer ses proies, montrant ainsi une adaptation impressionnante à son environnement aquatique et terrestre.
Les menaces pesant sur l’anaconda, telles que la perte d’habitat, le braconnage et la pollution, soulignent l’importance de préserver ses habitats naturels. Heureusement, les espèces d’anacondas ne sont actuellement pas en danger critique selon l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cependant, il est crucial de continuer à protéger ces serpents emblématiques de l’Amazonie pour garantir leur survie à long terme.
En somme, l’anaconda, avec sa longévité, sa capacité de chasse et son rôle dans l’équilibre écologique, est un exemple remarquable de la biodiversité de la jungle amazonienne. En démystifiant les idées reçues et en valorisant la conservation, nous pouvons apprendre à coexister respectueusement avec ce reptile fascinant et indispensable.