Le transport d’animaux d’élevage est un sujet délicat. Très discutables d’un point de vue éthique, ces trajets autoroutiers longue durée représentent un stress évident pour le bétail, les rongeurs ou la volaille transportée, qu’il est nécessaire de réformer. À moins de ne devenir végétalien ? Reconsidérons la provenance de notre alimentation !
Le transport d’animaux vivants n’est pas une chose nouvelle. Vous avez d’ailleurs probablement déjà dû en croiser sur la route au cours de vos trajets en voiture. Ces transports routiers et autoroutiers peuvent s’avérer très longs pour les pauvres bovins, oiseaux, cochons ou lapins, qui viennent souvent de loin. Et dans quelles conditions… La CIWF (Compassion in World Farming) et l’association L214 dénoncent les mauvaises conditions de transport des animaux d’élevage.
Les conditions de transport animalier théoriques exigées par le ministère de l’Agriculture
Le site du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation a mis en place des mesures pour le transport d’animaux vivants. Il n’y a pas de nombre limité, mais un agencement et des horaires à respecter selon les espèces. Différentes conditions sanitaires sont ainsi exigées :
- Les locaux doivent être propres, et la construction, suffisamment haute de plafond pour que les animaux ne soient pas obligés de se recroqueviller. Ainsi, ceux-ci doivent être libres de leurs mouvements afin de ne pas se blesser ou de se voir oppressés. L’oppression pouvant en effet rajouter une dose supplémentaire au stress déjà occasionné…
- Les équipements automatiques dans les transports doivent être fonctionnels, et donc contrôlés régulièrement. L’accès à l’eau doit se faire de manière simple, saine et adaptée en fonction des animaux. Idem pour l’alimentation.
- L’éleveur doit être rigoureux et vigilant quant au bien-être de ses animaux. Le transport doit s’effectuer par une personne professionnelle et compétente.
- En plein air, lors des déchargements, les animaux d’élevage doivent être protégés des différents risques liés aux prédateurs ou aux intempéries. Les interventions sur le bétail ou la volaille doivent être limitées afin de ne pas les troubler.
- Les trajets doivent prendre en compte les besoins des animaux en eau et en nourriture, mais aussi considérer leur bonne condition physique. Pour cela, le conducteur doit tenir un carnet de route à jour avec toutes les informations nécessaires.
Les trajets et les pauses dépendent de l’animal transporté
D’après le guide de transport de la Protection mondiale des animaux de ferme, tous les animaux n’ont pas accès à l’eau en permanence. Les transports peuvent aller jusqu’à 12 heures sans pause pour les volailles et les lapins. Après ce temps de trajet interminable, les pauvres léporidés peuvent enfin boire et manger, avant de poursuivre la route.
Pour les poussins de moins de trois jours, le transport sans eau ni nourriture peut aller jusqu’à 24 heurs non-stop. Les porcins, eux, ont un « accès » à l’eau en continu. Par ailleurs, les cochons font des trajets de 24 heures avant de faire une pause et d’être nourris et déchargés…
Les animaux sont entassés à une température variant de 5 à 30 degrés, si ce n’est plus. Et cela pendant plusieurs jours…
D’après le CIWF, en 2015, la France a exporté près de 2 millions de mammifères et 77 millions de volailles dans l’Union Européenne, et plus de 150 000 bovins/ovins, ainsi que 32 millions de volailles hors UE. Les animaux sont transportés plusieurs fois dans leur vie, parfois même dans différents endroits du monde, ce qui engendre de longs et pénibles voyages.
Gare aux fraudes
Avec le Covid-19, des assouplissements ont été observés pour « faciliter » les transports. D’après la CIWF, les contrôles vétérinaires et administratifs seraient assouplis, ainsi que les procédures de contrôle pour faciliter la circulation des animaux. Des annonces et décisions au détriment du bien-être animal… Car, qui dit assouplissement dit aussi fraude ! Certes l’absence de contrôles agit en faveur du commerce, mais il agit aussi en défaveur des animaux.
Peu de contrôles pour les camions transportant des animaux d’élevage
Les règles du ministère de l’Agriculture sont minimales et peuvent même paraître trop légères pour certains. L214 évoque de nombreuses fraudes en temps normal comme « le non-respect des temps de pauses, les camions inadaptés, les animaux blessés qui ne devraient pas être transportés, les défauts de soins ».
Cette courte liste est déjà trop importante pour fermer les yeux sur les conditions de vie des animaux d’élevage, mais aussi sur leurs conditions de transport. Aucun repos, pas de confort, des blessures non soignées… Des faits qui font froid dans le dos lorsque l’on est soucieux du bien-être animal !
Des conditions de vie traumatisantes pour les animaux
Ces conditions de vie et de transport laissent des traces aux animaux, mais révoltent également les défenseurs de la cause animale. Cela en dépit de la transparence demandée en 2018 par la L214 et 7 autres associations sur le respect des textes applicables aux conditions de transport européen des animaux d’élevage…
[expand title= »Références »]
GRANDIN, Temple. Assessment of stress during handling and transport. Journal of animal science, 1997, vol. 75, no 1, p. 249-257. [/expand]